Dis Julia, que mets-tu en place dans ta vie pour être plus forte émotionnellement?
C’est la question que m’a posée mon ami Matthieu Verne une belle après-midi d’été.
Qu’on le veuille ou non, en tant qu’Etre humain, les émotions font partie intégrante de notre vie.
Quand j’ai entendu la question de Matthieu: Que mets-tu en place dans ta vie pour être plus fort(e) émotionnellement? Je fus rapidement envahie par un fort sentiment de protestation: Plus fort que qui? Plus fort que quoi? Qu’est ce que cela veut bien dire?
La question m’avait surprise et dérangée. Mon coeur s’est accéléré, mes gestes se sont agités… Bonne nouvelle, j’éprouvais des émotions! 🙂
« L’important n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont nous réagissons qui importe. » Epithète
Qu’est ce qu’une émotion?
Le mot « émotion » vient du latin « motio » qui signifie le mouvement. Par extension, nous pouvons définir le mot « émotion » comme « énergie en mouvement ».
Au cours des siècles derniers, des centaines – voire des milliers – d’études ont été faites pour essayer de rationaliser, catégoriser et comprendre nos émotions.
Certains chercheurs affirment qu’il y a six émotions principales : la peur, la joie, le dégoût, la tristesse, la colère et la surprise.
Robert Plutchik nous propose, dès les années 1980, un modèle basé sur huit émotions fondamentales : la peur, la tristesse, la colère, la surprise, le dégoût, la joie, la confiance et l’anticipation. Mis en relation, les résultats de ses recherches sont présentés dans ce qu’il a appelé la Roue des Emotions (je vous invite à voir le schéma ci-dessous).
Enfin, plus récemment, le Dr Bruno Kahne, dit « The Emotion Finder », répertorie, quant à lui, 34 émotions qu’il classe en 2 grandes catégories : celles basées sur la joie et celles basées sur la peur.
Chaque jour, des dizaines d’émotions traversent notre corps de chair et s’expriment dans la matière. En tant qu’Etre Humains, nous sommes par définition, des Etres émotionnels.
Bien que la question soit complexe, nous nous accorderons sur le fait qu’une émotion est un état de conscience spontané, naturel et accompagné de signes physiologiques.
Pourtant, pendant de nombreuses années, par gène, pudeur, éducation ou dictat de société, j’ai moi-même eu beaucoup de difficultés à exprimer mes émotions…
Laissez-moi vous raconter une petite histoire…
Il y a vingt ans de cela, j’étais une petite fille modèle : je menais une scolarité exemplaire, j’aidais volontiers dans les tâches domestiques, je participais à de nombreuses activités extra scolaires, je prenais trois cours de danse par semaine et je ne manquais pas un samedi pour aller monter à cheval. Les gens m’appréciaient et j’avais beaucoup d’amis.
D’apparence toujours très joyeuse, j’avais appris, sans m’en rendre compte, à ne plus vraiment laisser aller mes émotions dites comme « négatives ». Je me devais de faire bonne figure en tout temps et cela me plaisait de répondre parfaitement aux critères que l’on attendait de moi. Je voulais être aimé.
J’ai grandi avec l’idée d’être forte, que je ne devais pas montrer mes faiblesses, qu’être vulnérable ce n’était pas « acceptable »… Pendant plus de dix ans, je n’ai pas pleuré. J’avais la sensation de tout maitriser, de contrôler ma vie. J’étais devenue forte… aux yeux des autres.
A l’aube de ma majorité, je fis, pour la première fois, une joyeuse dépression.
Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est qu’en faisant taire mes émotions, j’avais considérablement affaibli mon système immunitaire, les fondations physiques et psychiques nécessaires à la vie.
Que s’est-il passé?
Dans ce monde actuel, plus encore dans nos sociétés développées, nous encourageons l’amnésie de nos émotions pour laisser place au paraitre. Faire bonne figure est souvent devenue une priorité et, sans vraiment en être conscient, nous portons tous de jolis masques de société.
C’est d’ailleurs très amusant de répondre à un carnaval d’articles sur le thème des émotions pour parler des masques de bienséance, car en effet, il s’agit principalement de masques qui cachent nos émotions.
Dans un sens, porter un masque de bienséance peut parfois être nécessaire. Ces masques nous aident à surmonter certaines peurs et à être accepté dans certains milieux.
Si vous piquez une crise d’hystérie au beau milieu d’un restaurant étoilé, il se peut fort bien, que vous soyez banni de l’établissement à tout jamais. Il y a certaines règles de bienséance à respecter, et cela pour le confort de tous.
Cependant, ce que l’on ne nous dit pas, c’est que porter des masques à répétition nous éloigne de notre nature profonde et cela alimente un grand conflit intérieur : celui de choisir, d’un côté, le monde des apparences, ou, de l’autre, celui de l’authenticité. L’un ne peut aller avec l’autre.
Alors que d’un côté, nous nous laissons bercer par des discours toujours plus convainquant sur le fait de bien paraitre, de se vêtir des dernières griffes à la mode, de consommer toujours plus, de faire plus d’argent, de rendre service, quitte à s’oublier soi-même, parce que « c’est bien »… de nouveaux mouvements qui encouragent la simplicité et l’authenticité apparaissent.
Reprendre sa place de créateur
Dans ce festival de paradoxes, nos émotions restent pourtant un excellent indicateur de notre état intérieur. Ils nous permettent de ressentir le conflit ou la paix intérieure qui nous habite pour nous donner l’heure juste…
En tant que créateur de votre vie, sachez que vous aurez toujours le choix entre écouter votre mental ou votre coeur. Le choix d’écouter vos émotions ou de les faire taire.
Lorsque vous rendez service parce que « c’est bien », alors que votre coeur n’y est pas, vous alimentez, inconsciemment, une frustration. Et une accumulation de petites frustrations devient de la colère.
Alors, comment évacuer les tensions que nous accumulons au cours de ces journées entières passées sous nos masques de bienséance?
Retour à l’essentiel en 4 temps
1. Observer les émotions qui traversent notre corps.
Notez-les si besoin. Prenez des notes sur vos ressentis. Coupez votre télévision (pour toujours si possible) et concentrez-vous dès aujourd’hui sur vos états d’Etre. Je vous encourage à faire l’exercice pour vous-même. Soyez honnête!
2. Accueillir l’émotion comme elle est. L’accepter.
Ne pas accueillir une émotion, vouloir la rendre plus forte, revient à la bloquer. Or ne pas accepter ce qui est, c’est empêcher d’être ! Ce blocage, que l’on crée par la non-acceptation, à l’image d’un barrage d’eau qui finit par céder sous la force de la pression, va nourrir une irritation intérieure ou une frustration qui risque de se déverser, un jour, de manière incontrôlée.
« Be the change you wanna see.» Gandhi
3. Faire le choix de l’authenticité
Gandhi a dit « Be the change you wanna see » (Soyez le changement que vous voulez voir dans ce monde). Le premier mot est « soyez », du verbe ETRE.
Lorsque je me suis engagée sur le chemin de l’authenticité, ma vie a littéralement changé. J’ai baissé les armes, déposé les masques et je me suis engagée envers moi-même : je voulais ETRE tout simplement. Pour se faire, j’ai du m’accepter dans ma parfaite imperfection, accepter mes émotions, ma vulnérabilité, accepter d’être en colère, de pleurer, de rire, de me laisser surprendre.
Par cette « simple » décision, le regard des autres a changé sur moi parce que j’avais changé quelque chose en moi. Je n’essayais plus d’être quelqu’un d’autre.
4. Apprendre à libérer nos émotions
Si vous voulez réellement servir le monde, vous devez trouver votre place, votre mission et pour cela, il est primordial que vous respectiez votre rythme et que vous preniez soin de vous.
Comment voulez-vous aider un ami sur le point de tomber du bord d’une falaise, si vous-même n’êtes pas en sécurité?
Vous ne pourrez correctement aider les autres si vous n’êtes pas sur une base stable et solide. Vous devez apprendre à libérer vos émotions et prendre vos responsabilités.
Cette partie pourrait faire l’objet d’un article à elle seule, mais brièvement, cela revient à vous construire une structure solide pour pouvoir faire face à n’importe quelle situation. Et je ne parle pas ici de base forte, mais bel et bien solide. (Cela me rappelle mes cours de structure en école d’architecture où l’on construisait des maquettes en carton et il fallait pouvoir marcher dessus !)
Pour se faire, je ne vais pas vous proposer un atelier maquette en carton (quoi que…), mais voici 3 pistes à explorer :
- Je vous encourage à répertorier toutes les activités qui vous font vibrer et vous passionnent. Celles où vous ressentez une connexion particulière avec votre essence, celles où vous vous sentez libre ! Pour certains il s’agira d’un sport, pour d’autres de la musique ou de la peinture… d’une manière générale, la plupart des activités manuelles et artistiques nous permettent cela.
- La méditation est une bonne façon de se découvrir, de ralentir notre rythme et se recentrer. De plus, le calme de l’esprit permet de développer toutes les qualités : concentration, courage, confiance…
- Aller chercher de l’aide extérieure: consulter des thérapeutes spécialisés si vous en ressentez le besoin. Ils sont là pour vous accompagner et accélérer votre libération. Je vous invite à aller visiter ma page de personnes ressources.
Pour résumer…
Comment peut-on être plus fort émotionnellement alors que, par définition, une émotion a juste à ETRE, puisqu’il s’agit d’une énergie en mouvement?
De mon point de vue, vouloir devenir fort émotionnellement, renvoie à une peur : celle de nous-même. C’est un peu comme si l’on se demandait : que puis-je mettre en place dans ma vie pour avoir une carapace plus rigide, un masque plus épais pour me protéger d’une société si méchante…?
Vous êtes des créateurs. Alors, ce que je peux vous dire, c’est qu’en observant mes ressentis, en accueillant mes émotions, et en les libérant, je n’ai progressivement plus éprouvé le besoin d’être plus forte émotionnellement.
Nous sommes des êtres émotionnels d’habitude, et nos émotions ont besoin de circuler en nous !
Observez-les, acceptez-les et apprenez à les libérer.
Cela demande du courage de prendre la décision de suivre son coeur et son intuition, du courage de s’ouvrir à son être authentique et du courage de ramener le calme et la paix en nous, mais si vous me lisez, je sais que vous êtes prêts! Je ne dis pas que cela est facile, mais c’est possible !
« Passez un peu de temps seul, chaque jour.» Dalai Lama
Je vous souhaite de vivre pleinement vos émotions, quelles qu’elles soient, un pas à la fois, dans le respect de vous-même et dans le respect des autres. 😉
Avec Joie et Gratitude,
Julia.